Tendances télévision 2024 : le petit écran joue gros

En 2024, les tendances de la télévision déjouent les pronostics : selon Médiamétrie, la durée d’écoute quotidienne a chuté de 3 % en un an, mais le direct a gagné 12 % de part d’audience lors de grands événements. Entre la montée en puissance du streaming et la nostalgie du rendez-vous collectif, la télé se réinvente sous nos yeux. Spoiler : les femmes s’imposent, les talk-shows se métamorphosent et les formats hybrides explosent. Accrochez-vous, le zapping vaut le détour.

Panorama 2024 : des audiences sous tension

Les chiffres sont têtus.
– 33,8 millions de Français ont regardé au moins une plateforme SVOD chaque mois en 2023, soit +9 % en un an.
– Dans le même temps, TF1 et France 2 ont vu leur part d’audience moyenne baisser sous la barre symbolique des 30 % cumulés (28,7 % exactement).
– Disney+, troisième service SVOD en France, revendique 12,4 millions d’utilisateurs actifs en janvier 2024.

D’un côté, l’écosystème traditionnel resserre ses budgets : M6 a annoncé en février un plan d’économies de 100 millions d’euros d’ici 2025. De l’autre, les géants du web injectent massivement dans la création : Netflix a confirmé 200 millions d’euros pour ses productions françaises (Lupin, Tapie, ou encore la minisérie Furies).

La conséquence directe ? Des grilles de programmes plus flexibles, avec :

  • des prime times raccourcis (France 3 coupe désormais à 22 h 20) ;
  • des lancements d’émissions testées d’abord en SVOD, puis basculées en clair (Le Flambeau bis sur Amazon avant C8) ;
  • et l’arrivée de soirées thématiques “contre-programming” ciblant le replay, comme Arte qui mise sur le documentaire pop « Icônes 90 » disponible 30 jours.

Le paysage ressemble à un Rubik’s Cube : on tourne, on aligne, mais rien n’est figé.

Pourquoi le direct revient-il en force ?

Qu’on se le dise, le direct n’a pas dit son dernier mot. Le Mondial de rugby 2023 a réuni 17,1 millions de téléspectateurs sur TF1 lors de France-Nouvelle-Zélande, un record depuis 2018. Mais quel est le moteur de ce revival ?

  1. FOMO (Fear Of Missing Out) : le direct crée l’événement, l’urgence sociale.
  2. Interactivité instantanée : X/Twitter propulse les hashtags #TPMP, #MaskSinger devant #NetflixNight.
  3. Valorisation des droits sportifs : Amazon a payé 250 millions d’euros par an pour cinq saisons de Ligue 1, démonstration qu’un flux live attire toujours les annonceurs.

Dans les faits, France 2 a même relancé l’access avec « Quelle Époque ! » : 1,6 million chaque samedi, soit 25 % de part d’audience sur les 25-49 ans. En coulisses, producteurs et chaînes misent sur l’événementiel : finales de télécrochets, lancements de séries en avant-première en plateau (Canal + a dévoilé les deux premiers épisodes de « D’Argent et de Sang » en simultané TV, myCANAL et salle de cinéma).

Qu’est-ce que cela change pour le téléspectateur ?

  • Des “live moments” plus courts mais plus intenses.
  • Des interactions real time (votes, sondages, filtrage modéré) pour fidéliser.
  • Une complémentarité mobile : 46 % des 15-34 ans commentent un programme en direct sur un second écran (Baromètre CNC 2024).

En clair, la programmation linéaire n’est plus une fatalité, c’est un événement à haute valeur ajoutée.

Plateformes vs chaînes : duel ou alliance ?

D’un côté… les plateformes à la croissance insolente. En février 2024, Prime Video pèse déjà 7,2 % de part d’audience en “total vidéo”, redoutable pour un service payant.
Mais de l’autre… les chaînes historiques possèdent toujours la TNT, la régie pub et la force de frappe du direct.

Cette opposition se mue en collaboration stratégique :

  • TF1 + arrive en avril avec un modèle freemium calé sur MyTF1 Max, gommant la frontière replay/SVOD.
  • France Télévisions coproduit avec Netflix « La Révolution des Chefs », diffusée d’abord sur France 5 avant d’être mise en ligne mondialement.
  • Canal + distribue Disney+ et Paramount+ dans ses offres bundle, capitalisant sur sa base d’abonnés premium.

Résultat : le consommateur s’habitue à un parcours fluide. Un épisode inédit peut passer de la case linéaire au streaming en 24 heures, puis revenir en biseau via une soirée “marathon” spéciale.

Le match des indicateurs

  • Taux de complétion : les séries 52 minutes linéaires plafonnent à 73 % sur box replay ; les mini-formats 20 minutes SVOD culminent à 87 %.
  • ARPU (revenu moyen par utilisateur) : 14,90 € chez Canal + France, contre 7,99 € pour Netflix hors options.
  • Part de marché pub vidéo digitale : YouTube 30 %, chaînes TV 26 % (SRI, mars 2024).

La conclusion s’impose : il ne s’agit plus de vaincre, mais de coexister. La télévision devient un hub de contenus où chaque vecteur nourrit l’autre.

Les femmes à l’écran : évolution ou révolution ?

En 2020, seules 37 % des fictions diffusées en prime comportaient une protagoniste féminine principale. Quatre ans plus tard, la Fonte des Glaces ? Pas totalement, mais le mercure grimpe.

– « HPI » (TF1) affiche 6,8 millions de fidèles en moyenne ; Morgane Alvaro truste la case du jeudi soir.
– « Dix Pour Cent » cartonne désormais en rediffusion sur Netflix, dopant la visibilité des comédiennes françaises.
– Arte et France TV signent Parité 2025, charte visant 50 % d’autrices et réalisatrices.

Pour autant, la parité derrière la caméra plafonne encore à 39 % en production (CST, 2023). D’un côté, le progrès ; de l’autre, un plafond de verre coriace. L’arrivée de Delphine Ernotte à la tête de l’UER (Union Européenne de Radio-Télévision) en janvier 2023 laisse espérer une accélération continentale.

Pourquoi ce sujet demeure crucial ?

  1. Représentation : plus l’écran reflète la société, plus l’audience se sent concernée.
  2. Modèle économique : selon McKinsey, les productions inclusives génèrent 15 % de ROI supplémentaire.
  3. Talent pool : de jeunes créatrices comme Nawell Madani ou Noémie Saglio insufflent un ton moderne et exportable.

Il existe un cercle vertueux : visibiliser, investir, rentabiliser. La télévision, miroir social, ne peut plus éluder sa moitié du ciel.


Dernière info en date : Médiamétrie annonce pour mars 2024 une baisse historique du binge-watching linéaire, mais une hausse de 18 % du “catch-up” 24 h. Preuve que nos habitudes se nichent entre nostalgie et flexibilité. Si l’on ajoute la percée annoncée du format FAST (Free Ad-Supported Streaming TV) incarné par Samsung TV Plus ou Pluto TV, le puzzle devient encore plus passionnant.

Pour ma part, j’attends avec gourmandise le prochain grand choc des grilles : le retour d’un talk de deuxième partie de soirée animé par… une IA générative ? Promis, je garderai le popcorn au chaud et l’œil rivé sur la part d’audience. Et vous ? Prêts à zapper, streamer ou débattre ? L’histoire continue, à la prochaine page du programme.