Tendances télé : en 2024, 62 % des Français déclarent « zapper » moins de cinq minutes avant de trouver un programme, contre 49 % en 2021. Autre chiffre qui claque : le direct a progressé de 11 % d’audience moyenne sur la saison 2023-2024, selon Médiamétrie. Oui, le petit écran bouge vite, et pas seulement parce que Netflix balance une nouveauté toutes les 48 heures. Reste à comprendre pourquoi et comment. Attachez vos ceintures, on plonge dans les coulisses d’un média en pleine mue… et on garde le pop-corn à portée de main !
Retour en force du direct : pourquoi 2024 remet le live au centre du jeu ?
Le live, certain·es le disaient condamné à l’ère du replay permanent. Pourtant, les chiffres contredisent l’oracle. En mars 2024, le concert-hommage « Unis pour la planète » sur France 2 a réuni 4,3 millions de téléspectateurs. Soit la meilleure audience hors fiction depuis janvier. Même dynamique pour « Quotidien » sur TMC : +15 % sur la cible 25-49 ans par rapport à 2022.
Pourquoi cet amour retrouvé ?
- FOMO (Fear Of Missing Out). Le direct crée l’événement et la conversation sociale immédiate.
- Second écran. 78 % des moins de 35 ans tweetent ou commentent sur Instagram en regardant un match ou un prime, rappelle l’étude Kantar 2023.
- Authenticité. Après trois ans de visioconférences léchées, le public réclame l’imprévu, l’erreur, le frisson.
D’un côté, TF1 relance « Star Academy » façon marathon hebdomadaire. De l’autre, les plateformes testent timidement le live : Amazon Prime Video a acquis les droits de la Ligue 1 pour 2024-2029. L’hybridation est en marche, et la télévision linéaire redevient un rendez-vous collectif. Ironie délicieuse : c’est l’algorithme qui nous renvoie à l’instant partagé.
Les femmes à l’écran : vers un nouvel équilibre
2024 marque une étape capitale. Le CNC publiait en février un rapport pointant 46 % de protagonistes féminines dans les fictions françaises diffusées en prime-time, contre 35 % en 2018.
Quelques jalons à retenir :
- « HPI » (TF1) reste leader avec 8 millions de fidèles. Morgane Alvaro, héroïne décomplexée, emporte tout sur son passage.
- Dans « Machine », lancée sur Arte en avril, Laetitia Casta incarne la première hackeuse éthique du PAF.
- Côté talk-show, Léa Salamé prolonge « Quelle époque ! » et tutoie régulièrement la barre des 1,3 million.
Bien sûr, tout n’est pas rose bonbon. Les réalisatrices restent minoritaires : 27 % des épisodes diffusés en 2023. Mais la tendance s’installe. On sent un parfum de revanche, un air de modernité assumé. Et, point crucial pour la publicité : les programmes menés par des femmes affichent un temps de visionnage moyen supérieur de 6 % chez les 15-34 ans. Un chiffre qui parle la langue des annonceurs.
Qu’est-ce qu’un test de Bechdel et pourquoi importe-t-il ?
Le test de Bechdel vérifie si deux personnages féminins discutent d’autre chose qu’un homme. En 2023, 58 % des nouvelles séries françaises passent le test, contre 41 % cinq ans plus tôt. Pour les créateur·rices, c’est devenu un KPI presque aussi scruté que le taux de complétion sur MyTF1 ou 6play.
Formats hybrides, streaming et télévision linéaire : la bataille des usages
Les frontières volent en éclats. Il suffit d’ouvrir l’app de France Télévisions : le flux « Culturebox » s’y transforme déjà en mini-plateforme. Au même moment, Disney+ propose un canal linéaire « Marvel Mania » le week-end. On appelle ça le FAST (Free Ad-Supported Television).
D’un côté…
- Plateformes : Netflix, Disney+, Paramount+ publient environ 1 500 heures de contenus originaux par an en France.
- Chaînes historiques : TF1 et M6 misent sur Salto… avant de le fermer en 2023, faute d’abonnements.
De l’autre…
- Les téléspectateurs mélangent les usages. 36 % du temps vidéo des Français se déroule sur un service OTT (chiffre 2023), mais le prime time télé reste le moment phare de la journée.
- Les annonceurs adorent la mesure certifiée. Médiamétrie prépare une unification TV + streaming pour 2025, histoire de rassurer tout le monde.
En clair, la guerre des écrans devient une négociation permanente. Les contenus migrent, les audiences suivent tantôt la facilité (l’onglet « continuer à regarder »), tantôt l’événement (une finale de « The Voice »). Cette ambivalence nourrit le business : chaque acteur veut être partout, tout le temps.
Les pépites à surveiller et les flops à disséquer
Parce qu’il n’y a pas que les blockbusters dans la vie, zoom sur trois programmes qui méritent le coup d’œil :
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« Dans l’Ombre » (France 5)
Docu-fiction sur les primaires politiques, mix d’archives et d’interviews. Budget léger, narration nerveuse. Diffusé en janvier 2024, il a séduit 1 million de curieux et cartonne en replay. -
« Le Collier » (OCS)
Mini-série fantastique se déroulant au Mont-Saint-Michel. Effets spéciaux sobres, ambiance à la « Dark ». Audience modeste (300 000), mais critiques dithyrambiques. La preuve qu’un écrin confidentiel peut devenir culte. -
« Celebrity Camping » (W9)
Le concept semblait imparable : des influenceurs dans un mobil-home. Résultat : 1,7 % de part d’audience et 0,3 % sur les FRDA-50. Parfois, la télé-réalité se brûle les ailes en voulant trop coller à TikTok.
Et puisqu’il faut aussi parler des géants : « The Idol » sur HBO / Prime Video a cristallisé critiques et curiosité. Scénario jugé creux, pourtant 21 millions de vues cumulées en trois semaines. Preuve que le bad buzz reste un levier de visibilité. Et que la frontière flop / succès est, comme souvent, une question d’angle de vue.
Je termine sur un aveu : malgré mes spreadsheets d’audience et mes newsletters spécialisées, je me surprends encore à vibrer devant un générique un peu kitsch des années 90. C’est ça, la magie du petit écran : un carrefour d’émotions collectives et de curiosité permanente. Si ce voyage au cœur des tendances télé vous a inspiré, restez dans les parages ; le prochain prime commence toujours plus vite qu’on ne le croit.
