Tendances de consommation sur Netflix : en 2024, 74 % des internautes français déclarent regarder au moins une série par semaine sur la plateforme (baromètre Médiamétrie, mars 2024). C’est 9 points de plus qu’en 2022. Derrière cette courbe ascendante se cache un bouleversement plus large du temps d’écran et des habitudes culturelles, entre sessions de binge nocturnes et visionnages éclatés sur mobile. Plongée dans un marché qui n’en finit plus de se fragmenter… et de se consolider à la fois.

Pourquoi les tendances de consommation sur Netflix explosent-elles en 2024 ?

La crise sanitaire avait déjà donné un coup d’accélérateur, mais 2023-2024 marque une seconde vague, nourrie par trois facteurs décisifs :

  1. La mutualisation des abonnements (partage familial ou offers groupées). Selon l’ARCOM, 31 % des foyers cumulent désormais deux services SVOD.
  2. La hausse du contenu local : Netflix a investi 200 millions d’euros dans la production française l’an passé, doublant le volume de 2021.
  3. La pression FOMO (Fear of Missing Out) amplifiée par les réseaux sociaux. Le hashtag #NetflixFrance a généré 1,3 milliard de vues sur TikTok sur les douze derniers mois.

Cette conjonction crée un cercle vertueux (ou vicieux, selon votre emploi du temps) : plus de contenus exclusifs, plus de conversations virales, donc plus de visionnages.

Qu’est-ce que le « binge-watching » ?

Le terme désigne le fait d’enchaîner plusieurs épisodes — voire une saison entière — en une seule session. L’Académie française l’a francisé en « visionnage boulimique » en 2019. Mais la pratique ne date pas d’hier : en 2007 déjà, les coffrets DVD de « Lost » ou « Desperate Housewives » étaient engloutis en un week-end par les fans. La différence aujourd’hui ? La disponibilité immédiate et l’algorithme de lecture automatique qui supprime le temps de réflexion entre deux épisodes.

Données clés : ce que regardent vraiment les Français

Sur les 6 000 titres du catalogue hexagonal (chiffre JustWatch, février 2024), seuls 7 % concentrent 50 % des vues. Derrière ce déséquilibre, on trouve des locomotives comme « Wednesday » ou « Lupin », mais aussi des formats inattendus.

Bullet points pour y voir clair :

  • Top 3 séries 2024 (Q1) : « La Diplomate », « Sex Education — Saison 4 », « Berlin ».
  • Top 3 films 2024 (Q1) : « Damsel », « Society of the Snow », « Lift ».
  • Documentaires musicaux : en hausse de 28 % de minutes vues depuis 2022, grâce à « WHAM! » ou « L’Envers du décor : Aya Nakamura ».
  • Formats courts (moins de 30 minutes) : +16 % d’engagement, portés par l’humour (stand-up) et l’animation pour adultes.

Disney+ suit de près avec ses micro-épisodes Marvel « I Am Groot », tandis que Prime Video capitalise sur le sport live, de la Ligue 1 au Tournoi des Six Nations (un contre-pied stratégique qui siphonne les soirées du samedi).

D’un côté, Netflix reste le champion du volume mondial. De l’autre, Max (ex-HBO Max) joue la carte prestige avec 38 % de ses nouveautés notées au-delà de 8/10 sur IMDb. La bataille se gagne autant sur la masse que sur la perception qualitative.

Changement de tempo : du binge-watching au « slow streaming »

2024 voit émerger un courant anti-boulimie. Apple TV+ a relancé la diffusion hebdomadaire avec « Slow Horses » ou « Foundation », laissant le temps au bouche-à-oreille. Résultat : +22 % de nouveaux abonnés sur trois mois après la sortie de « Silo ». Netflix teste timidement la méthode sur ses émissions de télé-réalité (« The Circle », « Love Is Blind ») coupées en salves de trois épisodes.

Pourquoi ce virage ?

  • Fatigue cognitive : 42 % des 18-34 ans avouent avoir « oublié la moitié » d’une série binge-watchée (sondage IFOP, 2023).
  • Besoin d’événementialisation : les discussions Reddit et X (ex-Twitter) durent plus longtemps quand les épisodes sont espacés.
  • Monétisation publicitaire : un rythme plus lent augmente la durée d’exposition aux nouveaux formats d’annonces interactives.

Recommandation algorithmique ou curation humaine ?

L’algo reste roi : 80 % des vues sur Netflix proviennent toujours des suggestions personnalisées. Pourtant, la curation éditoriale reprend des couleurs. Arte, puis France TV avec son label « Offre Séries », exposent listes thématiques rédigées par des programmateurs. Même Spotify montre la voie côté audio avec ses playlists « Made for you » gérées par des équipes mixtes hommes-machines.

D’un côté, l’algorithme garantit la pertinence individuelle. Mais de l’autre, la main humaine apporte narration et surprise. Le futur passera sans doute par un modèle hybride : IA générative pour filtrer, journalistes pour raconter (clin d’œil à nos dossiers sur l’intelligence artificielle créative et la data-visualisation).

Et demain ? Scénarios pour les plateformes

  1. Consolidation : la rumeur d’un rapprochement entre Paramount+ et Peacock en 2025 illustre la chasse aux économies d’échelle.
  2. Publicités segmentées : Netflix a recruté Microsoft pour sa régie, 20 million d’utilisateurs mondiaux utilisent déjà l’offre avec pubs.
  3. Interactivité : après « Bandersnatch », la firme teste un mode « choix multiples » pour ses documentaires true-crime.
  4. Transmédia : « The Last of Us » (HBO) prouve qu’un jeu vidéo peut donner une série à succès. Prochaine étape : le retour vers le jeu via le cloud gaming intégré dans les apps.

Sans négliger le live : en automne 2024, Netflix diffusera la cérémonie des Screen Actors Guild Awards en direct, un virage événementiel qui pourrait préparer l’arrivée de concerts ou de festivals numérisés.


Passionné par ces métriques et ces histoires, je me surprends encore à alterner marathon de « Lupin » et dégustation hebdo de « The Mandalorian ». Et vous ? Dites-moi si vous êtes plutôt team “je dévore tout avant le spoiler” ou adepte du rendez-vous du mercredi soir. Promis : votre retour nourrira ma prochaine exploration des écrans qui rythment nos vies.